mardi 21 septembre 2010

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Haïr, c'est tuer virtuellement, détruire en intention, supprimer le droit de vivre. Haïr quelqu'un, c'est ressentir de l'irritation du seul fait de son existence, c'est vouloir sa disparition radicale. La haine est annulation et assassinat virtuel - non pas un assassinat qui se fait d'un coup ; haïr, c'est assassiner sans relâche, effacer l'être haï de l'existence .

Elle ne peut être perçue qu’à partir de l’impact de son intention sur l’âme résonnant dans l’intériorité sous forme de sensations et d’images comme le froid, le figé, l’immobilisation, la pétrification, ce qu’illustre le rêve. La haine, monde de la négation de l’âme, exclut ce qui en est son expression, le sentiment, et empêche la manifestation de ses qualités : mobilité, chaleur et liberté.

dimanche 12 septembre 2010

Que la vie en vaut la peine.




C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d 'incendie
la nuit immense et noire aux déchirures blondes
Rien n'est si précieux peut être qu'on le croit
D'autres viennent ils ont le cœur que j' ai moi même
Ils savent toucher l'herbe et dire je vous aime
et rêver dans le noir où s'éteignent des voix
D' autres qui feront comme moi le voyage
D'autres qui souriront d'un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D'autres qui lèveront les yeux vers les nuages
Il y a toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin là sera l'aube première
Il y aura toujours l 'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n 'est le passant.

Louis Aragon

mardi 7 septembre 2010

Nevermore...



Voir avec le toucher doit être la chose la plus agréable qui existe au Monde. 


Ne plus juger les gens par le regard, mais simplement glisser les doigts sur les vêtements, sur la peau. 

Se rendre compte que celle ci est douce, que celle là est plus rêche. Pouvoir apprendre les moindres bosses, les moindres imperfections d'un être invisible. Seulement connaître son odeur, les stries des rides, déduire son humeur par le simple geste de la main sur un visage. 

En faire de même pour les mots. 

Ne plus faire ces liaisons, articuler les mots dans ce petit cerveau. Juste toucher, effleurer, imaginer les mots se former, leur laisser exprimer leurs formes, juste les sentir vous pincer le bout des doigts. Prendre simplement un livre, détailler chaque page et faire une hypothèse quant au nombre de pages. Laisser le papier vous écorcher la peau, la finesse du papier vous couper légèrement. 

Juste oublier, ne plus voir les regards que les autres vous portent. Leur montrer qu'ils ne comptent pas. Que seuls les mots et les courbes qu'ils forment te font frissonner. Que leurs paroles ne te touchent plus. Que tu as le contrôle sur ton corps. Simplement garder devant les yeux les meilleurs moments, garder à l'intérieur les meilleures sensations. Rester là à faire abstraction des autres, de moi. Je fais abstraction de toi, tu fais abstraction de moi. Nous faisons tous semblant de ne pas voir, alors continuons. 

Juste les courbes des mots viendront me faire mal à présent, plus jamais les sons qui sortent de vos bouches ....