vendredi 19 novembre 2010

Un enfant, absolument !



« Ma puce, Maman est bientôt en vacances, j’avais envie de faire un grand voyage avec toi». 
Hannah parlait doucement, pour être bien sûre de se faire comprendre par sa petite puce chérie, mais aussi parce que des imbéciles ayant gagné leur permis de conduire dans quelque boîte surprise, s’amusaient à déboîter sans regarder dans leurs rétroviseurs. Freiner, accélérer, freiner, accélérer. Maintenant elle était irritée ! 
« Qu’aurait tu envie de faire Chérie ?» 
Aucune réponse. Hannah se concentra sur la route. Toujours ces embouteillages. Le panneaux de signalisation vomit un temps d’attente : 1 heure... Bien, c’était vendredi, elle était enfin en weekend, elle avait récupérée sa petite protégée, qui était sur le siège arrière, sans bouger.
« Comment s’est passée ta journée ?»
Silence. Hannah tenta d’avaler sa colère. Charlotte la préoccupait beaucoup, vraiment beaucoup. A six ans, elle n’avait toujours pas prononcé un seul mot. Quelques petits bruits de temps en temps et encore ... Elle l’avait adopté lorsqu’elle avait un an et demi environ. Elle marchait déjà très bien, oui, ça pour marcher elle marchait.
Elle regarda dans son rétroviseur intérieur. Sa petite Charlotte adorée était là. Elle avait envie de sortir de la voiture et d’aller la retrouver à l’arrière pour jouer, pour être transportée loin de son quotidien pollué, gris et fatiguant. Ses belles boucles blondes, ses yeux marrons, son regard joueur. Elle était magnifique.
« Tu es belle, mon bébé. Ce soir maman va te faire ton plat favoris, tu vas te régaler !»
Bien sûr toujours aucune réponse. Hannah avait commencé à s’inquièter lorsque Cha’ entrait dans sa quatrième année. Elle était vive, mangeais bien, très bien même, grandissait vite, mais ne voulait pas parler. Silence troublant, gênant même. A quatre ans, ce n’est plus un bébé, elle devrait parler, un peu, essayer au moins. Les seuls bruits qu’elle émettait, s’était durant la nuit. Elle rêvait, comme tout le monde. Mais souvent, en plein milieux de ses nuits, Hannah devait aller la calmer, soit en tendant le bras juste à côté d’elle, soit en se levant pour aller, d’un pas rapide, dans la chambre de son petit coeur. A cinq ans, Charlotte ne parlait toujours pas. Sa maman la laissait venir se glisser dans les draps en pleine nuit. Elle aimait l’entendre rentrer dans la chambre, discrètement, puis avec un petit élan, grimper sur le lit et se rendormir dans les minutes qui suivaient son intrusion. Elle était tellement belle lorsqu’elle dormait. Cet impression d’apaisement lui donnait un visage d’ange. Un ange muet.
« Nous sommes bientôt à la maison ma chérie»
Elle vivait seule. Mère célibataire, rien d’original là dedans, rien de choquant non plus. Elle s’en sortait bien. Elle déposait Charlotte à la garderie le matin, la récupérait le soir, travaillait le mieux qu’elle pouvait. Quelques mois après son cinquième anniversaire, elle avait pris un rendez vous chez son médecin généraliste. Dans la salle d’attente, elle avait senti tous ces regards sur elle. Elle détestait devoir attendre entourée de tous ces malades, qui vous observent de haut en bas, qui regardent vos chaussures entre deux quintes de toux, qui tentaient de savoir pourquoi vous étiez là. Ils avaient regardé Charlotte comme si ils savaient. Etait ce une honte de ne pas savoir parler lorsqu’on à cinq ans et quatre mois ? Enfin c’était son tour. Ca devait être l’une des dernières patiente, il était presque vingt heures. Charlotte avait faim, elle le savait. Elle s’était installée sur le siège en face du médecin et avait expliqué le petit problème de sa Charlotte chérie. Le médecin se dandinait sur sa chaise, évitait de croiser le regard de la mère, mais aussi de la fille. Etait ce vraiment aussi grave que cela ? 
« Il y a eu un petit accident sur la route ma puce. Nous allons encore devoir patienter un peu.»
Hannah se pencha sur le siège passager pour tenter d’attraper quelque chose dans la boîte à gants. Elle ne se pressait pas, de toute façon elle était encore dans les embouteillages pour un bon bout de temps. Elle pris le paquet de biscuits, les préférés de Charlotte.
« Tiens Cha’, mon petit doigt m’a dit que tu avais faim !»
Charlotte dévora le biscuit. Elle mourrait de faim, c’était indéniable. Hannah replongea dans ses souvenirs.
Elle se souvenait de la réponse exact du médecin : « Ecoutez Madame Rose, je ne suis pas habilité à traiter ce genre de pathologie, ni cette catégorie d’individu». Elle était repartie furieuse du cabinet, sans même avoir payé. Accepter que son enfant était malade, elle ne le pouvait pas. C’était inconcevable d’abandonner aussi vite, au premier échec. Pour un temps, elle allait se débrouiller seule, et faire parler son bébé. 
Puis on fêta son sixième anniversaire. C’était il y a une semaine. Au fond d’elle, Hannah avait rêvé que son amour, pour ce jour bien précis, allait prononcer ne serait ce qu’une syllabe. Rien. 
Elle réalisa qu’elle était devant sa maison. Il y avait une voiture de stationnée devant le garage. La colère se réveilla. Elle stoppa la voiture devant la porte d’entrée, pour pouvoir mettre rapidement Charlotte à l’abris. Telle une héroïne de bande dessinée, notre super maman sortit de sa voiture, prit Charlotte chérie dans les bras, puis la déposa dans la maison, bien au chaud. Deux minutes plus tard, elle était elle aussi à l’abris, enfin à la maison. Charlotte était déjà partie s’installer confortablement sur le fauteuil, avec son jouet favoris. 
« Coucou Maman !»
« Marie ! C’est à toi la voiture devant le garage»
« J’avais déjà cette voiture l’année dernière, tu ne te souviens pas ?»
Hannah réfléchissait. Elle n’avait pas eu de visite depuis longtemps. Depuis Marie en fait.
« Si si bien sûr, mais j’étais ailleurs. Tu sais je m’inquiète pour ta soeur.»
« Oh oui, je sais. Tu as l’air fatiguée. Si tu en as envie, tu peux aller te coucher le temps que je m’occupe de Charlotte.»
« Merci ma Chérie, merci beaucoup, je suis vraiment très fatiguée. Elle n’a toujours pas prononcée un mot tu sais...»
Marie fit semblant de ne pas entendre. A chacune de ses visites, il en était de même. Charlotte ci, Charlotte là.
« Ne t’inquiète pas, vas te reposer !».
Charlotte était toujours sur le canapé. Elle avait cet air de « chien battu », elle avait faim. Marie cria :
« CHARLOTTE !!! Arrête de mastiquer ton jouet et viens. Ta gamelle est prête. »

vendredi 12 novembre 2010

Va savoir.




Difficile de se dire qu'il y a dix ans, un matin d'automne, j'allais me réveiller et apprendre que mon père était mort et que jamais plus je ne le reverrai. Son coeur avait décidé de s'arrêter, de tomber dans un profond sommeil, de laisser le désespoir et l'alcool l'anéantir. 

J'ai continué à poser mes questions idiotes. Savoir quand Papa allait revenir, s'il était parti loin, si on avait reçu une lettre de lui.

Et puis j'ai réalisé, bombe qui est venue exploser dans mon estomac.


Le marbre, les chaises en bois, les courants d'air froids, le monde et enfin son lit de bois, ses fleurs, son cadavre. C'est comme si j'avais laissé dans ce cercueil mon enfance et mon insouciance. 
Pourtant, chaque jour qui passaient, je me disais qu'à un moment ou à un autre j'allais le revoir, je pensais qu'il faisait un petit voyage, mais que j'allais le rejoindre. 
Le jour de l'enterrement j'ai compris qu'il me faudrait mourir pour "le rejoindre". Et j'ai aussi compris que ce n'étais pas ce que je voulais, que je pouvais pas aller le retrouver, que plus jamais je ne le verrai. Après cette belle journée où le vent d'automne avait enfin faiblis et que le temps était devenu froid, mais sec, on a plus jamais parlé de Papa. N'était mort un point c'est tout.
Pour ne plus penser, me suis mise à lire. Tout ce qui me passait dans les mains, je le dévorais. Fallait que j'oublie, fallait que je m'occupe, que je me débrouille. Après me suis mise au sport. Pour voir où étaient mes limites, pour savoir quand est ce que mon corps allait dire stop. Aujourd'hui je continue ce jeu absurde. 

Ne sais pas de quoi il est mort : suicide ? Cancer ? Crise cardiaque ? Va savoir... Enfin le résultant n'en reste pas moins le même : Sa Mort.

mardi 9 novembre 2010

V ...




« Voilà ! À première vue je ne suis qu'un vulgaire comédien de vaudeville, à qui les vicissitudes de la vie font jouer le vilain et la victime et vice-versa. Ce visage n'est pas que le vil reflet de ma vanité mais un vibrant vestige de la vox populi aujourd'hui vacillante et vaincue. Vous devez y voir, les vieux restes d'une vexation vieillissante aussi vive que vivante et vouée à vaincre cette vermine vulgaire vivace virulente et vénale qui vivote en privant ses valeureuses victimes vaincues de la vérité et des vraies valeurs ! Le seul verdict que je vois est la vengeance. Une vendetta violente brandie tel un ex-voto et non en vain visant à faire vaincre la vertu face à cette vilénie lovée dans les veines de nos villes. Ces vagues vocales faisant de moi un ventriloque vociférant ces volutes verbales, revenons-en à l'essentiel. Je suis honoré de vous rencontrer alors pour vous, je serai V. »

mardi 2 novembre 2010

Souffle !




Plus claire la lumière, plus sombre l'obscurité... Il est impossible d'apprécier correctement la lumière sans connaître les ténèbres.

mardi 21 septembre 2010

...



Haïr, c'est tuer virtuellement, détruire en intention, supprimer le droit de vivre. Haïr quelqu'un, c'est ressentir de l'irritation du seul fait de son existence, c'est vouloir sa disparition radicale. La haine est annulation et assassinat virtuel - non pas un assassinat qui se fait d'un coup ; haïr, c'est assassiner sans relâche, effacer l'être haï de l'existence .

Elle ne peut être perçue qu’à partir de l’impact de son intention sur l’âme résonnant dans l’intériorité sous forme de sensations et d’images comme le froid, le figé, l’immobilisation, la pétrification, ce qu’illustre le rêve. La haine, monde de la négation de l’âme, exclut ce qui en est son expression, le sentiment, et empêche la manifestation de ses qualités : mobilité, chaleur et liberté.

dimanche 12 septembre 2010

Que la vie en vaut la peine.




C'est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d 'incendie
la nuit immense et noire aux déchirures blondes
Rien n'est si précieux peut être qu'on le croit
D'autres viennent ils ont le cœur que j' ai moi même
Ils savent toucher l'herbe et dire je vous aime
et rêver dans le noir où s'éteignent des voix
D' autres qui feront comme moi le voyage
D'autres qui souriront d'un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D'autres qui lèveront les yeux vers les nuages
Il y a toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin là sera l'aube première
Il y aura toujours l 'eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n 'est le passant.

Louis Aragon

mardi 7 septembre 2010

Nevermore...



Voir avec le toucher doit être la chose la plus agréable qui existe au Monde. 


Ne plus juger les gens par le regard, mais simplement glisser les doigts sur les vêtements, sur la peau. 

Se rendre compte que celle ci est douce, que celle là est plus rêche. Pouvoir apprendre les moindres bosses, les moindres imperfections d'un être invisible. Seulement connaître son odeur, les stries des rides, déduire son humeur par le simple geste de la main sur un visage. 

En faire de même pour les mots. 

Ne plus faire ces liaisons, articuler les mots dans ce petit cerveau. Juste toucher, effleurer, imaginer les mots se former, leur laisser exprimer leurs formes, juste les sentir vous pincer le bout des doigts. Prendre simplement un livre, détailler chaque page et faire une hypothèse quant au nombre de pages. Laisser le papier vous écorcher la peau, la finesse du papier vous couper légèrement. 

Juste oublier, ne plus voir les regards que les autres vous portent. Leur montrer qu'ils ne comptent pas. Que seuls les mots et les courbes qu'ils forment te font frissonner. Que leurs paroles ne te touchent plus. Que tu as le contrôle sur ton corps. Simplement garder devant les yeux les meilleurs moments, garder à l'intérieur les meilleures sensations. Rester là à faire abstraction des autres, de moi. Je fais abstraction de toi, tu fais abstraction de moi. Nous faisons tous semblant de ne pas voir, alors continuons. 

Juste les courbes des mots viendront me faire mal à présent, plus jamais les sons qui sortent de vos bouches ....

lundi 30 août 2010

Poids plume.

Le jour où ce surnom minable arrêtera de tourner dans ma tête, j'arrêterai peut être de faire souffrir ce corps lamentable. 


Sentir mon corps lutté, au point de ne plus avoir la force de parler, de sentir cet estomac tiraillé, uriner un liquide limpide comme de l'eau, c'est en quelque sorte mon quotidien. Se voir happée, chercher des forces là où il n'y en a plus depuis quelques jours déjà, ne plus réussir à aligner quelques mots pour expliquer ce que je ressens, ce que je fais vivre à mon corps, pour enfin m'effacer, petit à petit.

Chaque secondes défilent et je résiste à cette envie, à ce besoin maintenant de manger. De bouffer, de dévorer ce qui se présente devant moi à l'étage du dessous. Alors je reste dans ma chambre, je lis, je me nourris de mots. Aucune calorie à ajouté au menu du jour, rien. Souvent je m'endors au milieux d'une phrase, parce que le corps fatigue. 20 minutes de sommeil, 1 heures, 5 heures. Peux pas se défendre contre ce sommeil. Contre ce ralentissement de mes facultés physiques. Mettre un pied devant l'autre, m'habiller devient un vrai supplice.

-"Ce n'est pas normal d'être fatiguée comme ça, toute la journée ! " 

Que répondre à cela. 

-" Oh tu sais, j'ai du mal à dormir en ce moment, je ne sais pas trop pourquoi ... "

- " Mais tu manges au moins ? "
- " Bien sûr Maman que je mange, le matin et le midi, je mange bien, mais tu sais tout le monde le dit, le soir les repas doivent être léger, alors je fais attention. Ils disent même que de ne pas manger le soir, c'est bon pour la santé "
- " D'accord, je comprends "

Et voilà, les mensonges continuent. Elle ne voit rien, elle ne voit pas que les jeans que je porte sont une taille inférieures aux autres. C'est mieux comme ça.

Maintenant reste à savoir quand j'aurais enfin le droit de manger... Sûrement jamais, car mon corps en présence de nourriture, va stocker. Il a trop peur de souffrir... C'est compréhensible. Tant pis ...

mardi 3 août 2010

Sommeil.

Elle a cette sensation de flottement, comme dans un rêve, un très beau rêve. Elle ne discerne plus rien de ce qui l'entoure. Où elle se trouve, s'il fait jour, rien. Juste cette brise qui vient lui effleurer le visage, à peine perceptible. 

Puis, péniblement, son corps s'anime de spasmes incontrôlables, sa gorge se noue, une douleur au ventre grandit, impression de coups de couteau dans l'estomac. Elle doit prendre son pouls, savoir si elle ne rêve pas, si elle est en état juste d'ouvrir les yeux. Deux doigts sur le cou... Son coeur bat vite, très vite, trop vite. 

Encore quelques seconde de répit, et elle ouvre les yeux. Ses pupilles se rétractent, l'endroit est lumineux. Il fait frais, de la verdure tout autour, le bruit du vent dans les feuilles. La seule vision qu'elle a à ce moment là, la cime des arbres. Ils dansent en rythme avec les bourrasques de vent. Comme s'ils allaient se casser en deux. comme s'ils allaient s'écraser sur elle. 
Elle a les bouts de doigts ankylosés. 
Brusquement elle se tourne légèrement sur son flanc gauche et vomis. Impression de se vider complètement, de sentir ses tripes sortir.
Elle est maintenant à quatre pattes, et essaie de se redresser tant bien que mal.
Regard furtif sur la montre, remise en route de la musique. 

Ce jour là, elle a couru jusqu'au moment de rechuter un seconde fois et de s'endormir d'un sommeil profond...

lundi 12 juillet 2010

Comme les touches d'un piano ...



Toujours ces mêmes notes de musique, cette comptine qui résonne dans la pièce, dans sa tête, lorsqu'il y a cette sensation d'écroulement. Seul le piano joue cette mélodie si douce à l'oreille, et quand elle l'écoute, elle se sent forte, plus qu'elle ne l'a jamais été, qu'elle ne le sera ; Elle a cette impression d'avoir tout à porté de main, là tout près, cette sensation de pouvoir tout réussir, tout oublier, s'en aller aussi.
Pas un silence dans cette comptine, pas une absence, ça roule, ça coule, ça chute et c'est irrémédiable, et puis tout recommence, sans arrêt. 

Elle repense à une discussion qu'elle a eu la veille, et cette question : " de quoi as tu vraiment envie, qu'est ce qui te ferait plaisir dans la vie ? ". Aucune réponse ne lui est venue, rien qu' un long silence, un regard interrogateur, un peu apeuré. N'ai pas d'envies... N'es pas sûre de les réaliser alors à quoi bon se bercer d'illusion, à quoi bon croire en quelque chose qu'elle n'est pas sûre de toucher du bout du doigt.

Et cette mélodie continue de jouer, et comme un tourbillon, elle emporte tous les rêves qui se forment à l'horizon...

lundi 5 juillet 2010

En nuit ...


A ce moment, il ne lui reste plus qu'un seul sens ; l'odorat. Elle se sent hors de son corps, sa vision est trouble, les herbes hautes ne viennent plus fouetter ses jambes nues, seule l'odeur de sève, des terre humide et d'eau vient lui rappeler qu'elle court. A partir du moment où elle a lacé ses chaussures et que ses jambes se sont mises à se délier en une foulée souple et régulière, son coeur s'est enfin remit à battre, la circulation de son sang a reprit son cours normal.



L'ennui, aussi loin qu'elle s'en souvient, l'a toujours habité, l'a toujours rongé. Lorsqu'a l'école on répète tous les jours la signification de la petite et de la grande aiguille, elle, elle portait déjà un montre autour de son poignet. Lorsque ses calculs étaient terminés, bien avant tout le monde, elle appuyait la tête contre sa montre pour écouter le tic tac et comptait jusque 60. Cela pendant longtemps. L'ennui était déjà là. Elle attendait avant de partir à l'école, elle patientait longuement avant d'entendre la mélodie signalant la fin de la récréation sonner. Encore aujourd'hui c'est le même rituel. Voir les heures lentement s'écouler, goute par goute, en s'ennuyant.

Mais lorsqu'elle court, son corps sort de la veille, revit, renait. Plus elle s'éloigne de cette maison, plus ses sens se mélangent, plus son corps l'abandonne. Comme une drogue, c'est la transpiration et le souffle court qui peuvent l'amener à l'overdose, au malaise, au manque de force. 
La maison s'est transformée en hôpital psychiatrique, elle étouffe, elle boit, pour tout oublier et ne plus regarder ces deux aiguilles qui depuis des années, viennent la triturer seconde par seconde, heure par heure, sans relâche.

mercredi 30 juin 2010

Des illusions ....

D
C'est tellement bon, elle sent les touches du clavier glisser sous ses doigts. Elle aime cette sensation, ce flottement du corps et de l'esprit.
Aller encore une gorgée, juste une. Ca lui brule la gorge, de cette douceur sucrée si agréable au palet. Sa vue est meilleure, la musique résonne dans sa tête.
Encore une aller !!! La musique explose dans sa tête, jamais elle n'a perçu les paroles comme aujourd'hui. Son corps bouge tout seul au rythme de cses notes qui lui plaisent. Oui ça lui plait.
Quoi ? Une simple dispute, comme les autres, des mots qui te blessent encore. Tu ne tiens plus, tu veux t'évader, lâcher prise.
Le sourire revient sur ces lèvres. Je suis bien, enfin je le suis. Pas pour très longtemps je sais. Elle s'en fiche.
Elle est bien, elle respire un peu. elle ne sent plus ce corps si moche. Je suis belle, enfin.
Vais en reprendre un peu ...
Les images bougent. qu'est ce que c'est bon. N'a pas l'habitude alors vite cet effet de flottement. Elle ne danse jamais, mais c'est incontrôlable.
Savais pas que le parquet pouvait être si souple. Je suis bien ! Comprenez moi. Je sais que personne ne lit ces billets, et franchement ça ne fait rien, commence a avoir l'habitude. Mais voila je suis bien, enfin.
Je devrais peut être arrêter de manger, si je suis seule aujourd'hui, enfin si elle est seule, c'est que quelque chose cloche non ?
Aller encore une gorgée, toujours plus, comme en courant, toujours plus loin !
Oui, le sourire sur ces lèvres efface ces dix ans d'absence. L'abime du temps, n'a plus. Papa, il est là !
Encore une gorgée ...

jeudi 17 juin 2010

On the road again.



Toujours l'angoisse qui est là. Pour tout. Comprends pas trop pourquoi. Peur de mal faire, peur de ne pas être à la hauteur, sais pas trop... Le coeur qui s'affole, les mains qui tremblent. Besoin de lâcher prise, un peu. Peut être beaucoup, surement.

Elle doit tout contrôler, de A jusque Z, faire de son mieux pour accepter son image, son corps. Ce corps qui prend trop de place, qui n'est pas à sa place. 

Contradiction. 

On sort le short pour courir, mais on accepte pas son corps. Comprend pas non plus. Elle veut certainement entendre ces mots qui blessent, ces moqueries qui seraient justifiées, face à ce corps, cette chaire si repoussante. Alors on continue, on cours, des heures, pour tester ce corps, voir sa résistance, se préparer au combat. Un combat qui ne vient jamais.

Mais qui sait, faut être prêt.

Elle ne l'est pas encore ...

mardi 1 juin 2010

Bribes.

Les odeurs se mélangent, et tout lui revient. L'odeur du macadam légèrement mouillé, cette odeur vraiment spécifique. 
Les images explosent, défilent. Une entrée de maison, un petit vélo, une veste d'homme, une voix. Ca va trop vite. Elle essaie de mettre une image a l'odeur qui lui pique le nez. Une barrière, une allée d'arbres, du gravier rouge. Stop la ça y est. Un homme, avec une veste noire, ou verte très foncée. Le vélo est rose, avec deux petites roues a l'arrière. Un légère pluie, on sent qu'une grosse averse arrive. 
La tête tourne, une voix aigu résonne. Un rire, ou un cri. Elle referme les yeux, se concentre, les images défilent toujours aussi vite. Bribes de souvenirs, faut pas lâcher, faut que ça défile ... Comme des éclairs, explosion, flashes. Et là, elle fait une halte. La scène est claire, nette, très précise. La petite fille sur le vélo rose, les petites roues ne touchent pas le sol. "Aller Papa, il pleut, aller ! " Elle pédale de toutes ses forces, son père court à ses coté. Les pas du grand monsieur laissent des traces sur les graviers rouges. Et puis la un cri, des pleurs. La petite fille vient de chuter. Mais...... mais cette petite fille, c'est elle. Les vélo près d'elle, la roue arrière qui tourne toujours. Les corps au sol, et l'odeur. Une odeur de mouillé, de Macadam mouillé, c'est ça !!! Ca arrive la comme une gifle. 

Combien de temps a-t-elle mis pour rassembler tous ces souvenirs, pour faire l'association, pour voir ses images s'effacer à jamais ?

samedi 29 mai 2010

...

La souffrance est lâche : elle recule devant la puissance du vouloir-vivre qui est ancré plus fortement dans notre chair que toute la passion de la mort ne l'est dans notre esprit.




Mrs C... dans Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, de Stefan Zweig.

samedi 22 mai 2010

La plus haute réalité ...





Aucun homme n'a jamais suivi son propre génie jusqu'au point où il l'égare. Bien qu'il en résultât une faiblesse physique, personne sans doute ne peut dire qu'il fallait en déplorer les conséquences, car celles-ci correspondaient à une vie en conformité avec des principes plus élevés. Si le jour et la nuit deviennent tels que vous les saluez joyeusement, et si la vie produit une senteur pareille à celle des fleurs et des plantes aromatiques, si elle est plus souple, plus étincelante, plus immortelle, en cela réside votre réussite. La nature tout entière vous acclame et vous devez momentanément vous accorder à vous-même votre bénédiction. Les plus grands biens et les plus grandes valeurs sont loin d'avoir été reconnus. Nous en venons facilement à en douter. Bientôt, nous les oublions. Ils sont pourtant la plus haute réalité... La vraie moisson de ma vie quotidienne est quelque chose d'aussi intangible et d'aussi indescriptible que les teintes du matin et du soir. C'est un peu de poussière d'étoile, c'est un morceau d'arc-en-ciel que j'ai attrapé.


Henry David Thoreau, Walden ou la vie dans les bois

mercredi 12 mai 2010

Doucement ....


Ca s'effrite, doucement, sans faire de bruit. Mais ça s'effrite. Sourire de façade toujours de rigueur. Mais voila, n'arrive pas. A la maison, tout s'effondre. On s'écroule, puis le lendemain matin on recommence. Dégout de soi, de ce corps, de cette tête toujours aussi vide. On s'endort sur des mots qui nous emportent, on somnole durant la journée, puis au soir on ne peut plus dormir, trop de pensées, trop de regrets, trop de honte .... Et on continue a lire, pour connaitre la vie de quelqu'un d'autre, pour oublier. On fuit le contact avec les autres, de peur d'embêter peut être, conscience que sa place n'est pas ici, qu'elle n'est nulle part. Peur du passé, peur de l'avenir, peur tout simplement.

Et voila, les journées passent. On ne profite pas, n'a pas le droit, toujours lutter, pour ne pas craquer, pour ne pas révéler comme on peut être fragile, faible....

Le manque de sommeil nuit gravement à la santé. Et le manque de vie alors ?




"Dans la viecontrairement auxéchecs, la partie continue après échec et mat"

vendredi 23 avril 2010

Tempête.

Parce que c'est toujours et encore la même lutte, qui revient, qui m'étouffe. 

Dégout d'un corps qui n'a sa place nul part. Suis qu'un corps, qui fait un effort de présence, mais qui au fond, veut seulement disparaitre, prendre le moins de place possible, se fondre dans la masse. 

Je sens dans mes yeux se picotement auquel il ne faut pas penser, ces larmes qui sont là, qui vont couler, mais qu'il faut vite essuyer .... J'aimerais seulement avoir, même pour quelques secondes, la tête vide, le corps léger, ce flottement, avec lequel je me sentirai forte, capable de faire de belles choses, capable de vivre heureuse, capable de vivre tout court.  

Mais pour le moment, je m'acharne à me battre alors que le combat est d'ores et déja perdu ....

jeudi 15 avril 2010

Ne jamais s'envoler !


Je voudrais simplement partir. Partir de ce corps qui ne m'appartient plus, partir de cette maison que je ne supporte plus, partir loin de ce que je vis en ce moment. M'endormir à jamais, ne plus avoir à me réveiller et me demander ce que je fais la, quelle place j'ai dans la société, quelle place m'est réservé dans le cœur des gens. Ne plus avoir à penser à toutes ces années passées, a celles qui vont arrivées et qui me font si peur. Faire exploser cette coquille autour de moi, sortir de ce monde qui n'est plus le mien maintenant, ne plus avoir à viser cette perfection, que je n'atteindrai de toute façon jamais. Est ce possible de tout oublier ? L'ai déjà fait, ai déjà oublié papa, plus rien, plus de clichés, plus de souvenir, plus de vie normale. N'ai personne à qui confier ces lambeaux de vie qui brulent en moi, n'ai rien à quoi me raccrocher, je dois tout garder, dois me protéger, lutter, tomber, mais jamais m'envoler ....




Suis seule, mais l'ai bien mérité !

samedi 3 avril 2010

Peur de petite fille.


Alors que les jeunes enfants avaient peur qu'il y ait un monstre sous leurs lits ou dans leurs placards, elle, elle était effrayée par l'idée de se réveiller auprès d'un mort. Et cette appréhension est restée durant des années.



Mais un jour, sa plus grande peur s'est réalisée, et maintenant, tous les matins, tous les soirs, elle s'endort avec le spectre d'un être froid, éteint, sans vie.



La peur n'est plus là. Papa a emmené avec lui la peur d'une petite fille de 5 ans, qui redoutait chaque matins de voir un corps sans vie, rigide et terne près d'elle.



Mais est-ce vraiment mieux maintenant ? Ce n'est plus de la mort qu'elle a peur, mais d'elle même. N'a plus peur, n'a plus envie, n'a plus de vie. Pourtant elle a tout pour être heureuse, mais est ce que la mort d'un père, qui emmène avec lui votre plus grande peur, peut être cachée par des besoins et des satisfactions matériels ?



Hier, aujourd'hui, demain, elle ira, avec presque une pointe de bonheur, se coucher auprès d'un spectre, et fera partir loin l'image de papa en décomposition dans sa petite maison de bois au fond d'un trou...

lundi 29 mars 2010

Vide.



Voulais rentrer, mais pouvais pas. Blocage. Toujours cette envie d'hurler, de tout envoyer balader.



Je me sens vieille à l'intérieur, j'ai l'impression d'avoir grandi vite, trop vite.



J'ai donc marché, sous la pluie. Et les gouttelettes d'eau se sont mélangées à mes larmes, avec ce petit gout salé qui est resté présent. Me suis écroulée, mes habits ont absorbé l'eau, le froid m'a complètement glacé. Mais pourquoi je suis la ? Pourquoi je suis vidée ? Ou vide ?



Vide de tout ressentit, vide d'amour, vide de vie.



J'ai toujours autant de mal à parler, toujours autant de mal à trouver les mots justes. Et si je vise une certaine perfection, c'est pour me protéger, me faire mal aussi. Me rendre plus forte, être prête à tout. Forte mais presque insensible. Donner des coups dans l'air, crier dans le vide…



Puis je suis rentrée. Maman pas là… Enfin sais pas trop. Douche brulante, larmes glacées et cœur de pierre.

samedi 6 mars 2010

Conscience.

Perdre la notion de temps. Sentir ses mains rongées par le froid, ses jambes trembler. Elle a marché longtemps, très longtemps, sans jamais s'arrêter. Sait même pas pourquoi. Respirer, se vider l'esprit, oui, surtout se vider l'esprit !

Sentait bien que ca n'allait pas, qu'elle voyait flou, que la tête tournait, mais pouvait plus trop se contrôler. Et puis le soleil s'est mit à décliner. Bizarrement voir la journée en train de mourir sous ses yeux à eu un effet apaisant. Savoir que la journée est enfin terminée, que son état n'est pas pire.

Mais pas mieux.

Ne pas avoir à parler, être dans un demi coma, stagner entre la veille et l'éveil, pas être consciente en fait, c'est ce qui lui fallait pour décompresser en quelque sorte.

Voudrait écrire des pages et des pages pour se sentir mieux, cracher, vomir ce qu'elle a à l'intérieur, se vider. Mais n'y parvient pas.

Peut rester des heures à fixer le vide, sans bouger, sans parler, penser, réfléchir, se torturer l'intérieur, se punir, chuter toujours.

mardi 2 mars 2010

Honte.

Honte.

Honte de ce qu'elle est, de ce qu'elle fait. Pensait pas retomber tout de suite, mais c'est raté. Et le pire, c'est qu'elle pense, repense, et repense encore. Peut plus s'arrêter. Les seuls mots qui lui viennent à l'esprit sont "lamentable", "pitoyable", "ridicule", déplorable"...

Elle est prise de tremblements ; de froid, de tristesse, de faiblesse ?

Sait pas trop, mais peut pas se contrôler, tremble encore. Faut dire que niveau claque, celle là atteint déjà un bon niveau. Voudrait se tordre dans tous les sens, s'arracher la peau, tellement la honte est là, qui la mange, qui la brûle de l'intérieur.

Abandon, Seul mot qui résonne maintenant ....

dimanche 28 février 2010

Anniversaire ....

Le jour, je pense, le pire de l'année, ce sera pour demain. Anniversaire, mon anniversaire. Savais pas, 17 ans plus tôt que papa aller crever d'une crise cardiaque, que maman allé danser avec deux cancers et que moi j'allais me retrouver au milieu de tout cela.
Peut être que tout ce qui se passe est écrit quelque part, la faute au destin en quelque sorte, ou alors je suis la "fautive". Je penche pour la deuxième option.
J'aurais pu aider papa, le sauver, l'entourer d'une bienveillance, enfantine certes, mais une bienveillance quand même. J'aurais pu ...... Je n'ai que ces mots la à la bouche, des mots de regret, de dégout et d'impuissance. Des phrases qui résonnent dans le vide, un corps qui prends trop de place et une tête encore bien vide. Voudrais changer le passé, mais suis même pas capable de dessiner le présent.
En gros, je voudrais que demain, les gens m'oublient, que ce jour disparaisse, parce que je suis encore incapable de me dire que papa ne sera encore une fois pas la, qu'il ne me dira pas ce "joyeux anniversaire" que j'attends depuis dix ans maintenant. Les "joyeux anniversaire" des autres me donne surtout envie de pleurer et de vomir, font réapparaitre le goût amer d'une absence infinie et monstrueusement difficile.

dimanche 21 février 2010

...

C'est toujours étrange de se rendre compte que tout ce qu'on fait n'est rien, que toutes les tentatives pour s'en sortir sont vaines, que si on remonte un peu la pente, on s'écroule quand même, c'est indéniable. Sait pas pourquoi elle n'arrive pas à faire face ; faiblesse surement, caractère peut être ...... Voudrait être forte, faire bonne figure (sourire de façade pour elle, de bonheur pour les autres), y arrive de mieux en mieux, même un vrai sourire des fois.

Et puis, à la maison, tout s'effondre.


S'écroule, pleure, veut papa, veut quelqu'un pour la rassurer, pas un père de remplacement, pas des mots qui sonnent faux, pas de la pitié, mais une certaine chaleur, quelque chose qui fasse partir cette poussière morbide autour.

Froid tout le temps, halo de mort qui vous enlace, qui vous nargue et qui enfin vous achève....

mercredi 17 février 2010

Partir.


Elle se sentait déjà bien seule sans papa, et maintenant plus aucun mot avec maman. Rien, le vide, le néant, la mort d'un sentiment déjà bien rongé. Elle déteste maman autant qu'elle aime papa. C'est difficile à assumer, mais elle n'en peut plus. Ces regards qui vous jugent, ces sempiternels reproches, ce peu de compréhension.

Oui elle vit mal la mort de papa et personne n'a jamais été la pour la protéger de cette absence, même pas maman. Les relations n'étaient déjà pas sublimes avant mais après le long et interminable voyage du père, ce fut pire.

Et aujourd'hui c'est fini. Plus un regard, plus un mot.

Ne veut qu'une chose : partir loin, très loin. Veut quitter cette maison qui lui donne la nausée, quitter cette famille qui n'en est pas vraiment une, TOUT quitter.


N'arrive plus à parler, difficulté même à dire un simple "bonjour". Quand le blocage se fait plus important, la noyade n'est que plus importante ....



mercredi 10 février 2010

Peur.

On peut être jeune et avoir très peur de vieillir. J'étais à l'hôpital hier, et je crois que je n'ai jamais eu aussi peur du temps et de la mort. Une vieille dame allongée dans un lit, agonisante, qui s'est vomi dessus et qui reste là dans le couloir ; Un autre monsieur, lui aussi très agé, qui n'a plus de jambes et qui souffre ; et un autre qui est dans la salle d'attente et qui demande à tout le monde s'il ne va pas à tel endroit : " Oui, car je devais me faire opérer aujourd'hui, mais ils ont repoussé les rendez vous au 11 Mars. " J'essaie de déchiffrer ses paroles, je lui répond que non je ne vais pas à cet endroit, et je détourne le regard. Je n'arrive pas à regarder la réalité en face. Réalité du temps et de la mort qui approche inlassablement. Veux pas vieillir comme ca. Veux pas vieillir du tout. Oui suis jeune, mais pour combien de temps encore. Vous vous êtes vu vieillir vous ?

Décrépitude, corps rongés, mémoire effacée, bonheurs oubliés, famille disparue.



" Alors que je vous rencontrai, je vis que vous n'aviez point conscience de ce que vous étiez, de ce que vous pouviez être... Il y avait en vous quelque chose de si particulièrement attirant que je sentis qu'il me fallait vous révéler à vous même, dans la crainte tragique de vous voir vous gâcher... car votre jeunesse a si peu de temps à vivre... si peu ! ... Les fleurs se dessèchent, mais elles refleurissent... Cet aubour sera aussi florissant au mois de Juin de l'année prochaine qu'il l'est à présent. Dans un mois, cette clématite portera des fleurs pourprées, et d'année en année, ses fleurs de pourpre illumineront le vert de ses feuilles... Mais nous, nous ne revivrons jamais notre jeunesse. Le pouls de la joie qui bat en nous à vingt ans, va s'affaiblissant, nos membres se fatiguent et s'alourdissent nos sens !..."



Ce que je ressens est mieux expliqué dans un livre que par moi même !

vendredi 5 février 2010

Image.

Sourire sans vraiment sourire, lire sans vraiment lire, vivre sans vraiment vivre, et mourir sans le vouloir. Elle garde espoir de voir un jour Papa, là devant elle. Elle croit sentir son odeur, entendre son murmure, toucher son visage ; relation charnelle. Destruction intérieure, espoir scandaleux. Sait plus quoi faire. Se mettre à parler pour ensuite se dire que ca n'en vaut pas la peine, que sa souffrance n'est que minime, qu'elle ne vaut rien au final. Ne trouve même plus les mots qu’il faut, vide partout autour d'elle, se demande même si le verbe aimer peut être dans son vocabulaire. Ne jamais s'attacher, pas souffrir, plus souffrir.

Image de Papa dans le cercueil, blanc, froid, quelque chose de monstrueux se dégageant de son corps sans vie. Dernier baiser, sur des lèvres froides et dures, baiser d'amour et d'adieu, de rage et de désespoir. La peau était douce, le rasage propre, de la veille ou du jour même.

Odeur de parfum, de son parfum. Ce parfum d'homme. Odeur piquante du pamplemousse et de la bergamote, pointe de thé et de muscade ou peut être de jasmin, odeur poivrée, inoubliable. A ce moment là, le cadavre n'est pas mort, ce n'est pas possible pour elle. Papa peut pas être mort, papa y sent bon, dit, il est pas mort papa...

Cette odeur est partout, elle lui colle à la peau. Peut plus vivre sans. Odeur de papa, odeur d'un cadavre qui sent bon. C'est ignoble, mais elle a aimé un cadavre dans son cercueil : les yeux fermés, la peau dure, la décomposition déjà commencée.



mardi 2 février 2010

Doux murmures.


Amertume d'un temps passé,

Douceur d'une enfance oubliée,

Acidité d'une absence éternelle,

Regret de cette relation charnelle.



Chaque jour, l'écho de ton murmure

Révèle en moi cette mort refoulée.

Je pense, j'écris mais enfin je rature,

Et les souvenirs viennent me happer.



Les forces m'abandonnent

Et le vide m'attire.

Plus jamais je ne verrai ce sourire,

Ni cette voix qui fredonne.



lundi 1 février 2010

...

La cruauté de l'Homme n'a d'égale que son imagination

samedi 30 janvier 2010

Calme et volupté.

Partie courir. Vent froid, ciel bleu, blanc près du soleil, respiration saccadée. Ne sent pas le sol sous ses pieds, ne ressent plus rien en fait. Hurlement silencieux, suivant le rythme des ses foulées.
Fait son tour habituel. Prend son temps de passage. Gagne plus d'une minute trente par rapport aux mois précédents. Mais là n'est pas la question.
Elle respire avec difficulté, impression des tomber, d'être ailleurs, comme si elle était hors d’atteinte ! C'est ce moment qu'elle recherche lorsqu’elle met un pied devant l'autre, lorsque son combat contre elle-même débute. Et là, seule, comme hors de son corps, elle n'entend que l'eau qui coule et vit près d'elle. Comme un chuchotement qui l'appel, qui lui demande de la regarder. Elle avance, sans réellement savoir ce qu'elle fait, s'approche de la rive et s'assoie. Regard comateux sur l'eau qui coule, froissement de la réalité environnante, flou permanent dans ces remous. Et elle se sent happée par tant de calme et de maitrise.
Vague de colère et courant d'espoir. Tout se mélange mais l'eau, elle, reste la même, imperturbable.
Ferme les yeux et écoute. Impression de sentir quelqu'un près d'elle, qui se baigne peut être, qui lui murmure des mots qu'elle ne comprend pas.
Sons mélodieux et voix sucrée. Houle de souvenirs, corps qui se crispe, bouche qui se sert. Mais l'eau l'apaise, lui montre le contrôle et elle comprend qu'elle doit laisser ses souvenirs se noyer ici, et aller nager ailleurs, laisser la nature suivre son cours et continuer sa propre course, seule.
Elle se lève et se remet à courir. Remet son chrono en route et c'est repartit. Mais elle ne peut plus s'arrêter. Voudrait courir jusqu'au bout du monde, s'épuiser, reprendre ses forces près de l'eau et recommencer.
N'a jamais couru aussi longtemps, 2 Heures 58 minutes et 28 secondes. Fallait qu'elle rentre. Personne pour l'accueillir, personne pour la soutenir. Jambes incontrôlables, tête lourde, regard vide.
Se souvient des paroles de sa mère, datant de la veille : " Je n'ai plus qu'un an à tenir avant de mourir. Je serai sûre à ce moment là que tu ne seras placée nul part." Les paroles résonnent, n'arrive pas à trouver le sens, comprend rien. Ne va pas mourir de maladie, pas un ultimatum des médecins qui vous disent le nombre de jours qu'il vous reste à vivre. Non, c'est SA décision, comme si chaque jour étaient une lutte contre la mort pour le bien de sa fille. Et dans un an, va l'abandonner, comme cela, va la laisser sans repères.
Et l'eau coulera toujours avec autant de calme et de volupté qu'aujourd'hui.

mercredi 27 janvier 2010

Noyade.

Sommeil fuyant, veut quelque chose de concret, ne plus rêver. Trop de mots qui tournent et la giflent, trop de rêves qui la noient, trop d'impuissance pour parler. Mutisme meurtrier, elle le sent bien, mais elle est son propre bourreau, lambeaux d'espérance et fardeau de vie, comme si celle ci ne voulait pas d'elle. Ses rêves ne sont mêmes pas là pour l'aider, n'aime pas l'incohérence et ce qu'elle ne comprend pas tout de suite, n'aime pas analyser ce qu'elle est, peur de la déception, elle est son propre tortionnaire faut pas l'oublier, et peut pas s'en défaire. Comment quelqu'un pourrait-il l'aider si elle même n'en est pas capable ? Les mots sont là pourtant, dans sa tête. Elle prépare toutes les scènes de la journée, préparation psychologique en quelque sorte, pour être parée au pire. Le sommeil est parti, l'a quitté, comme Papa, et personnes ne comprend qu'ils puissent lui manquer. Et maman, pas vraiment, jamais là. Personne sur qui s'appuyer juste un peu. Le sommeil qui s'éloigne, le doux berceau du rêve, qui même s'il l'écorchait, lui manque. Lit froid, cercueil, larmes de rage face à la personne détestable qu'elle est. Mettre des mots tranchants, cannibales, qui font mal, toujours, encore, peut plus... Elle abandonne le repos, les mots, la parole. Voit la pièce qui tourne, son corps faiblir sous le poids de la tension qui l'habite pour enfin s'écrouler. Elle fuit le sommeil parce que le besoin de parler est là mais qu'elle laisse le silence se faire supplice. Veut cracher sur le noir des mots, veut faire jaillir ce flot de paroles qui est là, au fond de son être, "ancre" de plomb et paroles emprisonnées. Appel au secours dans l’échos de son silence, de l’absence.
Ne parle pas, ne dort plus et peut plus écrire.

Heautontimoroumenos

mardi 26 janvier 2010

Mauvais morceau.

Douce amertume. Arrière goût de quelque chose qui reste inconnu.
Les paroles des gens sont un abreuvoir, elle se régale de les écouter, parler d'eux, de leur vie. Faute de pouvoir le faire elle même ; Faute de volonté. Se forger une carapace aussi épaisse que la sienne, c'est un travail de tous les jours. Repenser aux choses qu'elle aurait mieux fait d'oublier, s'obliger à regarder des images censées être choquantes, atroces, laisser les mots la torturer pour voir le poids de la réalité pesée sur autre chose que ses épaules. Travail de longue haleine, aucunes pauses, jamais. Se dégage quelque chose d'elle, ne sait pas quoi, veut pas savoir non plus. Le voit bien dans ses yeux, dans son regard, que quelque chose est en elle, la ronge : véritable bombe à retardement. Consciente de l'explosion imminente, mais continue, temps que ca tient. Oh et puis elle devenue experte dans l'art de se faufiler, de partir sans que personnes ne s'en rendent compte.
La douce amertume laisse place au dégout, et rien n'y fait, toujours dans la bouche, nausées, envie de cracher le morceau, mais arrive pas.

lundi 25 janvier 2010

Ennemi et oubli.

Hier n'est plus et demain n'est pas encore. Hier n'est plus et demain n'est pas encore. Hier n'est plus et ...... Cette phrase résume bien sa vie. Quand le futur devient ennemi et que le passé n'est qu'oubli, il ne lui reste pas grand chose à faire. Elle est passive à la vie, aux gens. Pas bavarde : rien à dire, peur de se ridiculiser, sait pas trop. Aucuns objectifs, aucuns rêves, aucunes espérances. Ne demande rien à personne ; elle doit se débrouiller seule, apprendre par elle même, aller au bout de ce qu'elle commence. Nuits courtes et réveils difficiles. Commence mal la journée. Et puis les petites habitudes refont surface, sorte de TOC, toujours les mêmes gestes, pas le temps de regarder autour d'elle, pas de temps à perdre. Vivre au jour le jour et s'épuiser à une tache bien précise reste à l'ordre du jour. Son corps lui donne la nausée, ses cheveux la cachent et ses habits la protègent. (Evidemment les rayures ca amincie)
Aujourd'hui n'est plus et demain ne sera jamais.

vendredi 22 janvier 2010

Tamara, l'art au féminin.

Nous sommes en 1929.



Lorsque j’ai voulu envoyer un courrier à Tamara de Lempicka, je ne savais comment lui écrire. Il faut dire que c’est une femme secrète, qui vit pour et à travers la peinture. Elle est devenue très vite la peintre préférée de la Bohème parisienne, et il n’y a quelle qui peut nous raconter son ascension au sein d’artistes majoritairement masculins. J’ai très vite reçue une réponse au courrier que je lui avais envoyé. Réponse simple, élégante, raffinée.

Et je ne fus pas étonnée en arrivant dans son atelier, rue Méchin à Paris, de trouver une femme à l’image de son écriture. Coiffure parfaite, robe mettant en valeur ses formes, rouge à lèvres pulpeux, regard mystérieux. Une photo suffit, elle prend la pose, cigarette à la main, brillante et belle. Je lui pose enfin des questions, pour lever le mystère sur sa vie et ses œuvres.



Quelle enfance avez-vous vécu Madame de Lempicka ?

Bien, tout d’abord, vous pouvez m’appeler Tamara. Ensuite, mon enfance s’est faite dans une famille aisée, oui, enfin très aisée. Je suis née en pologne, et j'ai ensuite grandit à Saint Petersbourg, d’où mon accent, qui j’espère, ne s’entend pas trop. Je pense que c’est cette enfance qui m’a donné le goût du luxe et de la modernité.


Pourtant, vous vivez maintenant à Paris, pourquoi ce grand changement ?


La Russie m’a vue grandir, et elle est toujours dans mon cœur. J’avais 19 ans quand la révolution d’octobre à éclatée, et nous avons dû émigrer à Paris. Tout est resté à Saint petersbourg, nous avons refait notre vie en France.


Qu’est ce qui vous a donné envie de peindre ?


Mon mari, qui est russe comme moi, refuse de travailler pour faire vivre notre couple. Je dois l’avouer, la vie aisée me manquait, il a donc fallu que je trouve du travail pour gagner ma vie. Je me suis inscrite à l’Académie de la Grande Chaumière, suivi des cours avec Maurice Denis et André Lhote. Je suis ensuite partie en Italie, pour copier les Œuvres de Pontormo.


Cependant, les œuvres de Pontormo ne ressemblent en rien aux votres !

En effet oui, j’ai très vite développé mon propre style, avec des couleurs vives et une composition souvent agressive et spectaculaire, image de la libération des mœurs de notre époque. Je puise mes modèles dans mon monde, celui de l’aristocratie et de la bourgeoisie. Je veux qu’au milieu de cent autres,on remarque une de mes œuvres au premier coup d’œil .


Parlez nous un peu de vous, Tamara. Revenons à un peu plus de légèreté : l’époque dans laquelle vous vous épanouissez vous convient-elle parfaitement ?


Tout à fait, en fait, je consacre une bonne partie de mes revenus à l’achat d’accessoires de mode. Je fréquente les maisons de haute couture, je demande à des modélistes de me confectionner les plus beaux chapeaux. J’ai conscience d’avoir une vie aisée, et j’en profite. Je suis peintre le jour, et à la nuit tombée, je revêts mes habits de femme « fatale ».



Notre rencontre se termine sur ces derniers mots, nous nous levons, je lui souhaite bonne chance pour la suite de sa carrière, elle me remercie chaleureusement, et me raccompagne jusqu’à la sortie. Il me faut quand même rajouter quelques précisions à propos de Tamara : Tout d’abord, elle fut l’égérie des plus grands photographes et des couturiers de renom. Son atelier reflète parfaitement cette vie libre et peut être sulfureuse pour certains, mais il représente pourtant une invitation dans l’univers très féminin et chic de notre époque. Le cinéma met en avant cette image de femme sublime. Et Tamara joue de ces nouveaux médias, qu’elle séduit par sa beauté sophistiquée, les journalistes succombent devant la femme et l’artiste. Finalement, sa vie est une mise en scène constante dans laquelle Tamara, la femme, ne se sépare jamais de Tamara, l’artiste.