vendredi 5 février 2010

Image.

Sourire sans vraiment sourire, lire sans vraiment lire, vivre sans vraiment vivre, et mourir sans le vouloir. Elle garde espoir de voir un jour Papa, là devant elle. Elle croit sentir son odeur, entendre son murmure, toucher son visage ; relation charnelle. Destruction intérieure, espoir scandaleux. Sait plus quoi faire. Se mettre à parler pour ensuite se dire que ca n'en vaut pas la peine, que sa souffrance n'est que minime, qu'elle ne vaut rien au final. Ne trouve même plus les mots qu’il faut, vide partout autour d'elle, se demande même si le verbe aimer peut être dans son vocabulaire. Ne jamais s'attacher, pas souffrir, plus souffrir.

Image de Papa dans le cercueil, blanc, froid, quelque chose de monstrueux se dégageant de son corps sans vie. Dernier baiser, sur des lèvres froides et dures, baiser d'amour et d'adieu, de rage et de désespoir. La peau était douce, le rasage propre, de la veille ou du jour même.

Odeur de parfum, de son parfum. Ce parfum d'homme. Odeur piquante du pamplemousse et de la bergamote, pointe de thé et de muscade ou peut être de jasmin, odeur poivrée, inoubliable. A ce moment là, le cadavre n'est pas mort, ce n'est pas possible pour elle. Papa peut pas être mort, papa y sent bon, dit, il est pas mort papa...

Cette odeur est partout, elle lui colle à la peau. Peut plus vivre sans. Odeur de papa, odeur d'un cadavre qui sent bon. C'est ignoble, mais elle a aimé un cadavre dans son cercueil : les yeux fermés, la peau dure, la décomposition déjà commencée.



2 commentaires:

  1. Je dois le dire, c'est très beau. Fort comme une odeur.
    Bonne soirée.

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  2. Mon Papa n'est plus là mais l'odeur elle, reste. Comme quoi tout ne disparait pas ...

    Merci pour vos compliments.

    Bonne soirée à vous

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