lundi 21 décembre 2009

Côté du coeur.

Elle voit les arbres, cette longue allée, sans fin, évidemment ! Elle est seule : besoin de marcher, de courir, de sentir ses poumons brûler, de perdre haleine. N'en peut plus mais continue, s'arrête pas. Les gens la regardent, la prennent pour une folle : c'est pas faux.
Après un temps indéfinissable, la nuit tombe : mais elle est où ? Mince sait plus où elle est ! Faut pas paniquer, va se réveiller, pas possible autrement.
Non, non, non ce n'est pas un rêve, elle est perdue.
Elle voit les arbres, cette longue allée, mais au bout, il y a des gens : sont trois à vue d'œil, pas sûr. Faut aller voir.

Sont bien trois : un homme, une femme et leur petite fille, 4 - 5 ans pas plus. Maman à droite, papa à gauche. Bien sûr, côté du cœur le papa !
Elle est perdue, fait nuit, mais elle ne pense qu'à ça en les voyant.
Les images se bousculent, vite, très vite. Son enfance revient, explose en elle.
Maman, papa, sont là. Lui tiennent la main, pareil que la petite fille, l'inconnue.
Hop, un trottoir et ces pieds décollent. Elle rit, ses parents aussi ; sont heureux tous les trois. Elle a envie de leur dire que ca ne va pas durer, mais à quoi bon, sont heureux c'est le principal.

Mais maintenant, c'est elle la petite fille, c'est elle qui rit, qui est heureuse. C'est son papa qui lui tient la main, à gauche, côté du cœur. Elle resserre la main de papa, lâche celle de maman. Veut que lui, rien d'autre. Lui fait un câlin, le serre, sent son odeur. Papa demande ce qu'il se passe, pourquoi autant d'affection. Pour sûr, peut pas comprendre le père. Maman, elle, pose pas de questions, s'éclipse, laisse faire, comme si elle savait.

Ouch ! Elle sent une douleur près des cotés, se réveille dans le noir, sous les arbres. Un homme parle, comprend pas. Voit tout flou, n'entend rien. Doucement elle se redresse, sa vue s'éclaircit, elle retrouve son ouïe ; pas très fine l'ouïe, mais elle comprend, elle déchiffre. Sa maman est là. Monsieur est de la police. A eu très peur. Partie très loin. Couru toute la journée. Comprennent pas son comportement.

Les paroles tournent autour d'elle, ne l'atteignent pas. Elle se rendort.
"Papa, papa, ouhou, papa. On fait la course ? Non c'est de la triche !!! " Pas le temps de finir sa phrase, son papa est déjà en train de la soulever en l'air. Ses yeux pétillent, comme jamais ils n'ont pétillaient. Plus jamais ils ne pétilleront comme ça... Elle est en l'air, elle regarde vers papa, mais n'est plus là, a disparu, pfff, volatilisé. Mais elle, elle vole encore, elle tombe, il n'y a personne pour la rattraper.

Elle ouvre les yeux. Elle transpire, mais ce n'est pas cette transpiration après l'effort, non non : c'est cette sueur de peur, de fièvre, sait pas trop.
Tourne la tête vers la gauche : 3h00 du matin. Fait froid dans la chambre, les couettes sont par terre : sommeil très agité.
Elle ne se sent pas bien. Elle sort de son lit. Le sol est froid. Elle écoute ce silence qui n'appartient qu'à la nuit. N'est vraiment pas bien ! Faut qu'elle descende ; A trop la nausée.
En peu plus. Vomit. Oui elle vomit, sur toutes ces années de silence. Elle vomit son deuil, elle vomit ses tripes, elle vomit sa vie.
C'est ça, elle vomit son existence, et elle crache sur son absence.

4 commentaires:

  1. Votre récit récit est tout simplement bouleversant. J'ai ai mal au ventre. Acceptez ce compliment.
    Ps: "rit" X2

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  2. He bien je vous remercie beaucoup. En fait je ne sais pas vraiment quoi vous dire, ni quoi penser de ce récit ...

    Merci aussi pour le PS. Nous allons mettre cela sur le dos de l'évenement.

    PS : je n'ai pas ajouté de commentaire sur votre nouveau billet, faute de mots. Vous y racontez une scène très personnelle, boulversante, et les mots me manquent.

    2ème PS : Je n'aime pas trop le fait que vous corrigiez mes billets, que je ne vous y reprenne plus !! (J'ai de l'humour quand même, vous ne trouvez pas ?)

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  3. Beaucoup d'humour. C'était pour vous titiller, la prochaine fois, je vous enverrai un mail. Sans rire, je trouvais que la qualité de votre texte méritait une orthographe parfaite. ça arrive à tout le monde, de faire des Fautes...
    Bonne soirée à vous.

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  4. Vous savez ce n'est pas parce que je complimente vos textes qu'il faut en faire autant avec moi. Je suis une novice !!!!! ( J'ai même honte de savoir que vous puissiez lire tous ces billets ...)

    PS (que de PS c'est fou ! ) : Vous n'avez pas tenu votre promesse. J'avais dit de laisser tomber mais bon il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.... (je vous laisse méditer sur ce qu'il s'agit)

    Bonne soirée à vous aussi !

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