mardi 12 janvier 2010

C'était un dimanche.

Le repas est terminé, il pleut énormément, elle demande donc à papa si elle peut aller jouer dans sa chambre. Il ne lui répond pas, fait juste un léger signe de tête. Elle sourit, le remercie, l'embrasse sur la joue gauche. Joue froide, comme du marbre.
Les minutes passent, elle joue seule et puis, à la fin, elle en a marre. Elle décide donc de demander à papa de jouer avec elle. Elle sort de sa chambre, traverse le couloir, arrive devant le fauteuil. Elle ne peut toujours pas voir son père à cause de l'angle du mur. Elle ne peut voir que la télévision.
Et là elle se souvient du jour. C'était un dimanche, il y avait la formule 1 à la télévision. Papa adore la formule 1, aime beaucoup la mécanique en fait. Des vrais doigts de fée qu'il possède. ( Enfin, elle ne sont plus très utiles ses petites mimines ...)
Donc c'était un dimanche. Elle avance, tourne d'un quart de tour sur la gauche et voit son père dormir, la tête appuyée contre ses bras. Il est affalé sur la table, une goutte de bave au coin des lèvres. Elle voit un verre de vin, une bouteille presque vide, et des boites de médicaments pas loin. Même à son âge, elle ressent quelque chose d'effrayant en voyant cette scène. Elle n'est même plus très sure qu'il respire encore, mais elle ne s'approche pas. Elle refait le chemin inverse vers sa chambre, s'assoie et ne bouge plus jusqu'au soir.
C'est à partir de ce jour qu'elle a découvert la solitude, et que sa sensibilité s'est accrue.
C'est à partir de se jour que papa à commencé à s'éteindre, noyant son chagrin dans l'alcool et son besoin d'évasion dans les médicaments.
C'est à partir de ce jour qu'il est devenu un légume.

Et quand il est mort, elle a revue son père en train de baver, de ronfler affalé sur une table, elle ne l’a pas sauvé, elle l’a abandonné dans son désarroi. Comment pourrait-elle prendre soin d’elle alors qu’elle n’a pas prit soin de son père, qu’elle ne l’a pas sauvé ?

Il est mort un jour de pluie, comme pour lui rappeler que sa mort avait débuté depuis longtemps…


De toute la mémoire, seul vaut le don précieux d'évoquer les rêves.

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