vendredi 8 janvier 2010

Je suis désolée.

Madame l'enfance,

Je vous écris d'un monde où il m'a fallu vous oublier. Pendant des années j'ai tenté d'utiliser l'excuse du "trou de mémoire". Quand il ne me reste comme image de mon père, qu'un homme qui pleure en voyant sa petite fille, la valise à la main, partir, je vous haie de tout mon corps. J'ai essayer de me protéger, et maintenant je le regrette. La majestueuse Solitude est mon amie maintenant. Seule, toujours, encore. La solitude, je la tutoie, depuis dix ans maintenant, elle me hante, elle me ronge, me grignote le peu de joie qu'il me reste. Voyez ce qu'elle me fait faire ! Rendez vous compte, j'utilise de l'aquarelle avec mes larmes, pour signer mon projet de la douleur qui m'habite. Et maintenant à cause de toi sale solitude, la seule photo de mon père et de sa petite fille, je l'ai déchirée. Je t'ouvre la route, allé, fonce, achève moi puisque c'est ce que tu veux !
Majesté solitude et lady pitié, vous êtes impitoyable avec moi. Bien sûr, vous avez raison, c'est ce que je mérite. Je saigne, je saigne de papa, de vomis de solitude et je pleure de ce que je suis. Tu me voles ma vie, mon bonheur, ma parole. Je n'arrive pas à parler, tu me bloques et tu formes une bulle autour de moi.
Jamais vous ne me rendrez visite, ma petite enfance chérie, aucune image, aucune odeur, aucun espoir vous ne me donnerez. Je suis résolue, j'ai compris et j'abandonne. Vous m’avez abandonné, je vous ai oublié et je vous déteste. Vous savez, j’aimerai parler de ce que je ressens, mais la seule chose que je sache dire c’est « je suis désolée ». Désolée d’inspirer de la pitié, de montrer ma faiblesse, d’être gênante à ce point.
Je suis désolée.

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