dimanche 17 janvier 2010

Mur sans échos.

Ligne de départ. Presque plus visible, pas la première à courir. Les coureuses arrivent, doucement, dans un flux discontinu. 12H50 l'heure du départ, et pourtant, aucun coup de sifflet, aucuns officiels. "11minutes avant le départ mesdemoiselles". 11 minutes de retard plutôt !.
La pression ne retombe pas, on refait quelques accélérations, montées de genou.
"Le pied derrière la ligne, on attend le coup de pistolet". Toutes les filles mettent un pied très très près de la ligne, un autre en retrait, le bras gauche s'oppose à la jambe droite, et vis et versa : Remarquez, tout le monde se place comme cela dans l'attente du départ.
C'est à ce moment là, dans ce silence de plomb, qu'elle revoie tout le parcours, qu'elle se refait la course, qu'elle pense à la souffrance qui va l'habiter tout au long du chemin, de la boue, des côtes, des encouragements. Pas pour elle les encouragements, non non, pour celle derrière, toujours.
Dans ce silence, la tension est palpable, nous transperce de toute part, nous ronge, la ronge.
Elle voit le starter appuyer sur la détente, la fumée qui s'en dégage. Et voilà, elle coure, le vide s'installe dans sa tête, la douleur commence à l'enivrer.
Normalement elle ne se souvient de rien, ne se souvient plus de la course. Mais là, pendant le dernier tour, avant le soulagement, elle entend crier quelqu'un, elle entend son prénom dans toutes ces injures. Elle repose les pieds sur terre, se rend compte que c'est son entraineur. " Je vois bien que tu n'es pas capable de le faire pour le club, tu pourrai au moins essayer de le faire pour toi. Aller, avance, aller, non ca ne va pas, aller, tu nous fais quoi là ?"
Elle sent la rage montée, elle s'imagine s'arrêtant et lui crachant dessus. Elle se rend compte que c'est horrible, qu'elle ne peut pas faire ça, mais pourtant, il continue à crier, elle est loin, mais il continue. C'est l'arrivée, elle ne connait pas sa place, elle s'en fiche. Elle se dépêche de donner son dossard, elle enlève ses chaussures, ses chaussettes, et se remet à courir.
Elle sert les dents, sanglote de rage, ne s'en remet pas. Elle avance sur le bitume, ses pieds claquent, saignent, mais elle ne se sent pas prête à arrêter. Et puis ses poumons brûlent, son cœur bat la chamade, ses jambes ne suivent plus.
Elle retourne dans les gradins, sa mère est là, ne pose pas de questions. Et son entraineur crie encore, lui demande de venir. Elle est devenue un mur sans échos, elle n'ira pas le voir, elle n'a rien demandé à personne, ne fait de mal à personne, n'en peut plus.
Elle s'en va sans se retourner, l'autre toujours en train de hurler.

2 commentaires:

  1. C****** ! (auto-censure ^^ ) mais comment ose-t-il te parler ainsi ?!!! désolée mais je ne comprend pas là, il est vraiment pas net ce type !
    Déjà qu'il a pitié de gens qui aiment lire (ou travailler) , ça me scandalise qu'il puisse dire un truc pareil !

    Bon sinon, t'inquiètes pas, tu feras mieux la prochaine fois !
    Et comment se fait-il que tu ne sois pas venue ojd?

    Bises Lena ♥

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  2. Tu sais quand tu mets toutes tes forces dans quelque chose et que quelqu'un te demonte comme cela, ca explose. Voila la raison de mon absence.

    Biz

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