vendredi 15 janvier 2010

Maladie.

Quand elle a apprit la maladie de maman, elle n'a rien ressentit, comme pour la mort de papa. Il lui faut du temps pour assimiler. Elle a vu sa mèrese fatiguer, perdre énormément de poids. Des mots résonnent dans la maison : Médecin, hôpital, rayons, chimiothérapie. Chimiothérapie, c'est le pire.
Maman ne pouvait plus s'habiller toute seule, ne pouvait plus lever les bras, plus la force. Et elle, elle était spectatrice, impuissante. La vie se faisait en fonction de la thérapie, des rendez vous médicaux, des passages de l'ambulance, de la fatigue de sa maman. Et de jour en jour, elle ne pouvait plus se débrouiller seule. La mère était devenue enfant, la fille, maman. Elle lui préparait à manger, s'occuper des papiers, de la maison, essayer de soulager un peu maman.
Et un jour, sa mère lui a demandé quelque chose. Elle perdait ses cheveux, à cause de la chimio, elle n'en pouvait plus de voir des poignées de cheveux tomber, elle n'en pouvait plus d'en laisser partout. Sa fille lui a dit qu'elle était là pour l'aider. Alors maman a voulu voir disparaitre tous ses cheveux. Sa fille, elle a tout de suite compris.
Elle a installé sa maman sur une chaise, pas devant les miroirs, surtout pas ! Elle a prit un rasoir tout neuf. Elle tremblait, mais maman n'a rien vu. Elle était à bout de forces, somnolait presque.
Elle commence, doucement, avec un geste peu sûr. Elle voit les cheveux dégringoler, et un tas se forme à ses pieds. Elle a peur de blesser maman, mais elle continue. Quand son "travail" est terminé, elle met un bandana sur le crâne de maman, et elle va la remettre au lit. Et puis elle ramasse les lambeaux de cheveux, et regarde la scène. Une chaise en plein milieu d'une pièce, des cheveux tout autour, on dirait une chaise électrique, celle d'un condamné à mort.
C'est là qu'elle a compris. Compris que maman était vulnérable, qu'elle aussi elle l'était. Compris qu'elle allait se retrouver seule, sans rien pour se raccrocher.
Mais de fil en aiguille, elle a vu maman reprendre des forces, assumer de sortir avec une perruque. Avant dernière chimio, puis dernière. Maman en avait fini avec son calvaire.
Bon il y a eu une récidive, mais elles étaient comme prêtes. Elles ont renouvelés les mêmes gestes, plus surs cette fois, et tout s'est arrangé, comme la première fois.

Le mot cancer n'a jamais était dit, jamais écrit, mais toujours là.

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